mercredi 1 septembre 2010

Interzone

 

Interzone, qui paraîtra en novembre, inspiré de l'oeuvre de William Burroughs et Brion Gysin, sera construit avec la technique des file cards, à l'instar des récents Femina et Dictée/Liber Novus.
Avec Marc Ribot, John Medeski, Cyro Baptista, Trevor Dunn, Kenny Wollesen et Ikue Mori.

 

6 commentaires:

cb a dit…

hum, c'est quoi la technique des file cards ?

777 a dit…

La technique des file cards, élaborée par Zorn dans les années 80, tient à la fois du Sound Painting de Walter Thompson(à la différence fondamentale que les indications de Zorn sont de l'ordre de l'intention et du conceptuel, et laisse une part de liberté totale dans l'improvisation au sein d'un périmètre délimitée, mais surtout que la personnalité du musicien ne doit pas être brimée), des Direction in Music de Miles Davis, et surtout des Conductions de Butch Morris (avec Zorn à joué, et avec qui beaucoup de musiciens de la Downtown jouent encore, tel que Wollesen, Wieselman, Scherr, Bernstein...).

Les musiciens ont en leur possession des séries de partitions, des sortes de blocs qu'ils savent qu'ils vont utiliser à un moment ou à un autre. Comme en jazz traditionnel, le "thème" se joue, puis place à des séries d'impros qui sont dirigées et canalysées par Zorn, avec les mains ou avec des Cards.

Il y a toutes une palette de Cards qui sont, tout comme les règles, tenue secrète par Zorn et ses musiciens. Quelques infos ont transpiré depuis le temps, mais très peu !
Par exemple, une pancarte sert à indiquer que ceux qui ne jouent pas jouent et ce qui jouent s'arrête. Une autre indique qu'il va falloir mémoriser ce que tu es est en train de se jouer car il va falloir le refaire bientôt. Une autre indique qu'il faut refaire exactement la même chose que les autres. Encore une autre indique que chacun va devoir faire à tour de rôle un son comme dans un cartoon. Etc...

Cobra est quant à lui un système de file cards particulier, avec des règles précises et spécifiques à cette formation.
Petit ex. : Zorn fait office de "prompteur", c'est-à-dire qu'il sert surtout à faire en sorte que tout le monde soit au courant de ce qui se passe et des directions choisies par les musiciens au fur et à mesure.
Les musiciens choississent les directions que peut prendre la musique en indiquant les Cards qu'ils veulent voir sortir. Chaque Cards correspond à une couleur et à un chiffre et à une partie du visage que les musiciens désignent, plutôt que hurler "LA 3EME VERTE !" en plein milieu du morceau, ce qui ferait mauvais genre.
Ces derniers, s'ils le souhaitent, peuvent "partir en guérilla". "Partir en guérilla" veut dire que tu mets un couvre-chef, et tu t'acoquines discrètement sans que les autres musiciens te voient (jeux de regard) avec 1 ou 2 personnes (jamais plus), et tu cherches à prendre le pouvoir sur ce qui se joue. Soit en en pervertissant de l'intérieur se qui se joue déjà, soit en étant carrément à contre-courant.
Les autres musiciens (ceux qui ne sont pas en guérilla) jettent un oeil et s'ils repèrent avec qui le leader est parti en guérilla, ils le dénoncent au prompteur qui indique à la personne de retourner dans les rangs. Sauf si celle-ci a vue qui l'avait dénoncé, dans ce cas, elle peut continuer la guérilla.
Tout ça en continuant à jouer !
Il peut y avoir plusieurs guérilla en même temps. Ce qui devient vite un joyeux bordel où les musiciens s'amusent comme des fous et où le public est plus que perplexe !

Tout de suite, on comprend qu'il vaut mieux voir Cobra en vrai qu'écouter les disques, où l'on passe à côté de la partie ludique, et tout compte fait, de l'allégorie très politique et sociale de ces File Cards, avec ces jeux d'influence, ces zones de pouvoir et de délations, etc...

Si tu as regardé les vidéos de Cobra que notre hôte a posté, tu commences à avoir une petite idée...
Il y a eu plusieurs formations autour des file cards (Xu-Feng...) mais Cobra reste la plus célèbre.

Ces séries de jeu et de directions ont amené Zorn a développer un système très codifié et personnel, et surtout des relations étroites avec des musiciens, qui déboucheront sur les époustouflants stop-and-go, les chorus impressionnants et les puissantes montées d'Electric Masada, de Moonchild ou The Dreamers.

J'espère avoir été un minimum clair et intéressant !

cb a dit…

très clair ... et passionnant ! merci.

Le Zornographe a dit…

777 est toujours très passionnant dans ses explications. Merci encore une fois !

Anonyme a dit…

Les "file cards compositions" et les "games pieces" ne sont pas exactement la même chose.

Les game pieces sont des jeux à part entière avec des règles précises (genre cobra, xu feng, etc.) où il n'y a aucune musique de notée.

Les file cards sont des sortes compositions en kit (par exemple de big gundown qui décompose/recompose la musique de morricones), partant d'un matériau musical préétabli.

Il existe quelques cas un peu à cheval, mais en règle général, ces deux systèmes de composition/improvisation sont bien différents.

Anonyme a dit…

autre précision :

les premières game pieces datent du milieu des années 1970, soit avant la conduction de Butch Morris ou le Sound Painting de Walter Thompson.

Il s'est plutôt inspiré (tout comme eux, c'était dans l'air à NY à ce moment) des techniques de Miles (comme tu le dit), de zappa, etc.