Compte-rendu de la projection de Zorn (2010-2017), par Mathieu Amalric, au Festival des films sur l’art (FIFA) de Montréal, 10 mars 2018.
Depuis 2010, Mathieu Amalric et John Zorn sont copains. Chaque fois qu’ils ont l’occasion de se voir, Amalric filme Zorn.
Zorn (2010-2017) est le résultat de cette pratique.
Il s’agit en fait d’un collage, assez zornien finalement, sans fil narratif ou chronologique. Comme dans une
file card piece de Zorn, les images se succèdent sans transition, et constituent autant d’angles de vue successifs sur le personnage. On voit Zorn sur scène, filmé depuis les coulisses, en studio, dans la rue. Pas d’entrevue, pas de voix off, seulement des images spontanées tournées avec une simple caméra.
On voit aussi bien sûr une foule des musiciens qui l’entourent depuis des années. On entend beaucoup de musique (notamment le quatuor Medeski-Wollesen-Colley-Smith au Stone; Erik Friedlander en solo lors d’un marathon Masada;
Freud lors d’une prestation privée; et puis Zorn au saxophone avec Masada).
Du coup, on a accès à un Zorn beaucoup plus naturel, détendu, souriant que l’image que le public peut parfois avoir de lui. Amalric ne manquera pas, dans la discussion après projection, de souligner l’espièglerie de Zorn. On a d’ailleurs droit à plusieurs éclats de rire du compositeur au cours de ce film.
Ce film n’est pas destiné à être vu autrement que lors de festivals auquel participe Zorn. Sa présentation au FIFA était donc exceptionnelle. Un deuxième volet, sera présenté à Lisbonne cet été, à l’occasion d’un marathon Zorn lors du festival Jazz em Agosto.